La vie inséparée: vie et sujet au temps de la biopolitique

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Author: Muriel Combes
Publisher: Éd. Dittmar, 2011

Entre 1976 et 1982, Michel Foucault multiplie les hypothèses et les remaniements, ainsi que les considérations rétrospectives concernant sa méthode. C’est au cours de cette période qu’il élabore la notion de biopouvoir, indiquant le moment où, autour du XVIIIe siècle, la vie – celle des individus et celle des populations – entre comme telle dans les mécanismes du pouvoir et devient ainsi un enjeu essentiel pour la politique. Cette notion, et les hypothèses qui lui sont associées quant à la nature du pouvoir moderne, constitue le point de départ du présent travail. Le postulat qui l’a guidé est que l’hypothèse d’un pouvoir sur la vie peut fournir l’axe central de ce que Foucault avait proposé dans ses derniers textes de nommer une « ontologie du présent ».
Au début des années 80, les recherches de Foucault semblent bifurquer vers le problème de la vérité et vers un questionnement portant sur l’éthique et ce qu’il commence à nommer les « pratiques de soi ». Mais au-delà de la suspension de fait de l’analyse du bio-pouvoir, ce à quoi on assiste alors n’est pas tant une simple rupture avec les problèmes qui occupaient, dans les années 70, un intellectuel impliqué dans l’invention politique, que l’élaboration d’un quadrilatère fondamental articulant les concepts de vérité, de pouvoir, de sujet et de vie.
Les commentateurs s’intéressent généralement aux trois premiers concepts, délaissant le dernier dont le statut est, il est vrai, délicat. Car son explicitation obligeait à aller dans des directions que Foucault ne voulait pas explorer, en particulier vers une reprise positive du questionnement ontologique, pour éclairer la relation entre vie et subjectivité.
C’est dans cette direction que le travail de Foucault rencontre celui de Simondon. Et que les deux peuvent se prolonger dans un questionnement concernant les modes d’inscription de la vie dans la politique. Le postulat chaque fois en jeu est que la vie ne peut jamais être conçue séparément de la subjectivité ; c’est de là que nous proposons de partir pour une élucidation politique du présent.

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